Magnétisme, médiumnité : est-ce rationnel ?

Le magnétisme et la médiumnité sont des sujets mal connus, qui souffrent de nombreux préjugés et parfois d’une mauvaise image. Pourtant, lorsque l’on s’y intéresse réellement, en laissant de côté ses jugements et ses croyances, on ne peut ignorer leur réalité.
J’associe magnétisme et médiumnité car, au-delà de partager certains traits communs, ces deux sujets font souvent l’objet d’un « procès de rationalité », lequel repose plus sur des croyances que sur de véritables constats.
1. Phénomène inexpliqué ≠ irrationnel
Lorsque l’on parle de magnétisme et/ou de médiumnité, il règne une sorte de confusion entre l’explicable et le rationnel, l’inexplicable et l’irrationnel. Un peu comme si ce qui ne peut s’expliquer, n’existe pas ou ne doit pas exister.
Or, ce n’est pas parce qu’un phénomène ne trouve pas d’explications, qu’il est dénué de toute logique ou que l’on ne peut constater ses effets. On peut observer des faits tout en acceptant l’idée de ne pas pouvoir (encore) poser de mots dessus (à ce propos voir l’article Magnétisme, médiumnité et doute de soi).
Ce qui est d’autant plus surprenant, c’est que ces phénomènes sont observés et connus depuis longtemps. Et cela continue d’être le cas aujourd’hui (1). Ces observations ne semblent donc pas liées aux croyances ou aux mœurs d’une époque.
Un très grand nombre de témoignages sérieux et tout à fait crédibles existent et font l’objet de constats précis et factuels de la part de ceux qui les expérimentent.
Certes, ces expériences sont limitées aux personnes qui les vivent, et elles ne sont pas établies dans un cadre scientifique. Ne s’appuyer que sur des témoignages, sans opérer de tri entre ceux qui semblent plausibles et ceux qui ne le sont pas, n’aurait pas de sens (à ce sujet voir Comment distinguer médiumnité et illusions ?). Il n’est toutefois pas interdit de les prendre en considération afin de s’en servir comme point de départ à des observations et à des recherches plus poussées.

« Qui pourrait croire que pour les Darwin de salon, je suis le gibier de prédilection.
Ils vont me disséquer sans aucune émotion, me désailer avec délectation.
Me ranger, m’oublier derrière des vitrines de silence » (Histoire naturelle, Nolwenn Leroy).
Dans son ouvrage « Médiumnité : quand la science confirme » (éditions Trédaniel, 4 février 2021, p.121), la chercheuse américaine Julie Beischel, qui a mené une grande étude sur les médiums, illustre bien cette idée :
« Certaines personnes ne pensent pas que les choses sont réelles tant qu’elles ne peuvent pas expliquer comment elles se produisent. Cependant, il existe de nombreux phénomènes normaux dont nous ne pouvons pas vraiment expliquer comment ou pourquoi ils se produisent, mais nous sommes tous d’accord pour dire qu’ils existent et qu’ils méritent partiellement d’être étudiés ».
Pour illustrer ses propos, elle prend l’exemple de certains phénomènes physiologiques (ex : le bâillement, le rougissement), de certaines maladies (ex : l’eczéma, la maladie de Parkinson, la fibromyalgie) ou encore de certains médicaments (les anesthésiques généraux notamment) qui existent/fonctionnent sans que l’on puisse en expliquer les mécanismes.
2. Croyances vs. constats ?
Affirmer que ces phénomènes ne sont que superstitions relève, paradoxalement, d’une croyance, qui ne repose sur aucun argument factuel. Puisqu’à partir du moment où l’on accepte de les observer, on ne peut que constater leur réalité et leurs conséquences.
De plus, on peut établir des constats sans y placer de croyances derrière. C’est-à-dire en conservant une posture de neutralité, sans jugement ou interprétation qui viendrait infirmer/confirmer quelque chose selon nos propres attentes. Par exemple, si un médium est capable de rapporter des faits très précis sur un défunt (sans fraude ou tromperie), cela ne prouve pas nécessairement l’existence de la vie après la mort ou de celle de l’ « au-delà », au sens où les religions nous les ont présentées.
Il en va de même lorsque l’action d’un magnétiseur parvient, par exemple, à faire partir un eczéma. Ou bien qu’un barreur de feu stoppe une brûlure. On peut constater les résultats, sans les imputer à l’intervention de « forces magiques ou divines », et sans attribuer ces croyances aux personnes qui pratiquent le magnétisme ou à celles qui y ont recours (cf. Ce que je ressens en tant que magnétiseur).
Par ailleurs, ce qui se joue derrière ces phénomènes peut être complètement hors norme au regard de ce que l’on connaît déjà. Et il est fort probable que ce soit effectivement le cas. Pour autant, ce qui dépasse l’entendement compte tenu de nos connaissances actuelles n’est pas nécessairement dénué de logique.

3. Que dit la science sur ses sujets ?
Sans grande surprise, le magnétisme et la médiumnité restent encore relativement peu étudiés. Il existe toutefois des études intéressantes, en voici quelques exemples :
Concernant le magnétisme, des recherches japonaises menées en 1992 et en 2006 ont révélé l’existence d’un champ biomagnétique ondulatoire autour des mains de guérisseurs. D’après le chercheur Hideyuki Kokubo (étude de 2006), l’intention du guérisseur jouerait un rôle pour guider son action. Les effets de cette action proviendrait « d’une faculté du corps consistant à collecter l’énergie autour de soi et à la concentrer sous forme de spirale pour la projeter sur une cible » (Jocelin Morisson, Le magnétisme à l’épreuve de la science, Inexploré n°64, Automne 2024, p.67).
Quant à la médiumnité, seule une poignée de scientifiques l’étudient dans le monde. Les recherches les plus poussées sur le sujet sont celles de Julie Beischel (citée plus haut), chercheuse américaine diplômée en pharmacologie et toxicologie. Elle a étudié des médiums durant plus de 15 ans, à temps plein.
Les données recueillies dans le cadre de l’un de ses programmes de recherche établissent que :
« Certains médiums peuvent rapporter des informations précises et spécifiques sur les désincarnés (cad les défunts), sans aucune connaissance préalable des consultants, ni des désincarnés, sans aucun retour d’information lors de la lecture médiumnique, et sans recourir à la fraude ou à la tromperie » (Médiumnité : quand la science confirme, p.93).
L’étude insiste bien sur le fait qu’aucune pratique de mentalisme ou analyse psychologique ne peuvent être à l’origine de la connaissance de ces informations.
Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer que certaines personnes soient en capacité de rapporter de tels renseignements. La plus plausible, pour cette chercheuse, est celle d’une véritable communication entre les médiums et les défunts, bien que les éléments pour démontrer cette hypothèse soient encore insuffisants.

« Y’a tant de murs qui te retiennent, trop d’inaccessibles échelles, dans tes rêves et dans tes mots (…).
Cherche encore, suis ta lumière et tes lois. Si tu peux, cherche encore plus fort et si jamais tu te perds, je serai là. (…).
Et le temps, les gens continuent d’avancer. Si tu tombes avant je saurai te porter.
Et les vents, les ans, continuent de tourner. Si l’oubli t’attend, moi aussi j’attendrai ». (Cherche encore, D’eux, Céline Dion).
4. Pourquoi n’y a t-il pas davantage de recherches sur ces sujets ?
Les préjugés et les idées reçues sont-ils les seuls obstacles à l’étude de ces phénomènes ?
Dans son livre, Julie Beischel répond à cette question au regard de sa connaissance du monde scientifique. Selon elle, il existe très certainement « un déni matérialiste de la part des chercheurs universitaires et de l’administration (américaine) » sur ces sujets. Mais l’obstacle principal, à son sens, est surtout d’ordre économique. En effet, aujourd’hui, il est très difficile pour le monde de la recherche d’obtenir des financements pour réaliser leurs études, et ça ne concerne pas que les études relatives au paranormal. Sans difficultés de financement, elle affirme qu’il existerait très probablement beaucoup plus de recherches sur tous ces phénomènes dans le monde.
En attendant, on peut tout simplement laisser à ces phénomènes leur part de mystère et ne s’attarder que sur leurs effets et leur utilité. Par ailleurs, même si, dans un proche avenir, ces sujets étaient prouvés et validés scientifiquement, il faudrait probablement encore beaucoup de temps pour que la société « moderne » accepte ce qu’elle a longtemps considéré comme du folklore et des superstitions.
(1) aux États-Unis, près d’un tiers des adultes auraient déjà eu des expériences de contacts avec les défunts selon des estimations (Médiumnité : quand la science confirme, p. 29-30).
Sources : Julie Beischel, Médiumnité : quand la science confirme, Editions Trédaniel, 4 février 2021. Jocelin Morisson, Le magnétisme à l’épreuve de la science, Inexploré n°64, Automne 2024, p.64-67.
P.S : Bafouées durant des siècles et des siècles.
Ce que le jour doit à la nuit,
La nuit le devra au jour.

Toute représentation ou reproduction totale ou partielle de cet article faite sans l’accord de son auteur est illicite et peut faire l’objet de poursuites judiciaires.